Né vers 1795, Ypres, Belgique – date de décès non renseignée
Scène d’intérieur, le jeu de l’art, circa 1820
Huile sur toile
Signée et située « Behaeghel, Paris »
(inscrit à l’envers sur un billet tombé sur le sol en bas sur la droite du tableau)
Dimensions : 44 x 53 cm
Avec cadre : 63x 72 cm
Théophile Behaeghel se rend jeune à Paris ; il fréquente les ateliers de Jacques-Louis David, de Pierre-Narcisse Guérin, de Jean-Louis Demarne, de Jean-Bernard Duvivier et plus spécifiquement de Pierre Prévost.
Il est appelé pour diriger l’Académie de Lectoure (Gers) en 1822. Le peintre fait, entre autre, le portrait de Charles X et du poète et théoricien allemand Friedrich von Schiller. Il se prête à l’exercice de l’autoportrait dans quelques gravures à l’eau-forte.
La scène prend place dans un intérieur bourgeois à Paris. La pièce est agencée selon une sensibilité aux beaux objets. Mobilier du goût de l’époque et objets d’art se côtoient et harmonisent la composition symétrique : une sculpture (citation de l’Apollon du Belvédère) repose sur le bord de la cheminée, un vase trône sur un secrétaire, deux peintures suspendues en hauteur flanquent la fenêtre. L’attention aux détails évoque la minutie de la peinture hollandaise.
Deux figures ponctuent l’ensemble. La première est assise à son bureau, le second est monté sur une chaise. La jeune fille s’attelle à l’aquarelle, le garçon, en équilibre sur une chaise, regarde à travers une longue vue vers le dehors.
Elle lève la tête et nous regarde, comme si un parent ou un domestique était entré dans la pièce et l’avait détournée de son travail – comme si la jeune fille, figure peinte sur un tableau, prenait conscience de sa nature fictionnelle. Spectatrice du simulacre de peinture, elle observe le spectateur amateur et l’invite à entrer dans l’œuvre.
La fenêtre structure l’œuvre et lui confère son sens : elle est autant le signe de la séparation entre l’espace intérieur et l’espace extérieur, que celui de l’ouverture vers un paysage inaccessible à l’œil du spectateur.
Le garçon se fait l’interprète de son regard : tourné vers le dehors, il nous offre à voir ce que nous ne voyons pas. Dans l’esprit du romantisme de Friedrich, le peintre peint la fenêtre pour construire le vide qui laisse la place à notre imagination.