Peintre français
À l’arrière du bateau, 1881
Huile sur panneau, signé et daté « Sept. 81 »
Dimensions : 40 cm x 61 cm
Pour cette marine, Alfred Stevens propose un point de vue original : il dépeint l’arrière du bateau sur lequel il se trouve. Le sillon creusé par le poids du navire crée un perspective jusqu’à la ligne d’horizon ; il attrape la lumière et la diffuse sur l’ensemble du tableau. Le peintre indique, d’un coup de pinceau, quelques voiles en arrière plan.
Dans le fond de l’image, les bateaux de charbon marque leur chemin avec les larges fumée noires qui s’échappe des cheminées. En comparaison, les voiliers paraissent fin et vulnérables : le peintre représente métaphoriquement la Révolution industrielle. Alfred Stevens questionne le spectateur : est-il sur un bateau à voile ou bien un bateau à moteur ?
Alfred Stevens est un peintre belge à Paris. Il joue un rôle prépondérant dans le dialogue entre les deux nations, tour à tour belge en France et français en Belgique. Si Courbet, Manet, Rude et Rodin ont rayonné dans toute la Belgique, l’attraction vers la France a été si forte que beaucoup d’artistes belges, et non des moindres, sont considérés comme des parisiens d’adoption : c’est le cas d’Alfred Stevens.
À Paris en 1844, le peintre se fait connaître par ses portraits raffinés du beau monde, dépeignant l’élégante parisienne du Second Empire. Ami de Manet, Scholl et Baudelaire, il est admis à l’école des Beaux-Arts et fréquente l’atelier du grand maître Ingres. La vague du japonisme donne de l’élan à sa peinture dès 1865.
Ami de Bazille, il portraiture et développe un style décoratif. Par la suite, il quitte progressivement les représentations léchées de la bourgeoisie pour d’autres scènes quotidiennes, emprunte de vérisme quoique toujours élégante (voir le tableau de « La femme au bain », vers 1873, musée d’Orsay). À cette époque, le peintre connaît ses heures de gloire. En France, Mathilde Bonaparte soutient son travail, le roi belge lui passe une commande publique.
En 1880, le peintre connaît des difficultés : les débuts d’un nouveau style de peinture, l’impressionnisme, remet en question son approche picturale. Son médecin l’envoie à Menton, il voyage dans le nord de la France. Berthe Morisot le pousse vers l’Impressionnisme qu’il adopte dans ses marines, dont la sensibilité et la modernité sont en tout point semblables à celles de Jongking.